Paris est une fête : analyse au coeur du travail d’Ernest Hemingway.

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Paris est une fête est une discussion intime avec Ernest Hemingway. Il répond à nos questions sur l’écriture, la lecture, l’amour, l’inspiration et les personnalités médiatisées qui l’entourent.

Dans cet article, je m’appuie sur son oeuvre pour aborder les thèmes de la productivité et de la création de contenu sous le prisme du métier d’écrivain.

À noter : il s’agit d’un roman autobiographique entre fiction et réalité.

Plan de l’article :

Si vous avez lu Paris est une fête, l’article se veut un moment de partage, comme un verre à la suite d’une séance cinéma pour allonger le plaisir de quelques minutes. Sinon, j’espère vous inviter à découvrir un de mes auteurs préférés.

Résumé de Paris est une fête, Ernest Hemingway.

L’oeuvre raconte la vie d’Ernest Hemingway, à Paris, dans les années vingt. Il vit avec Hadley. Il est jeune papa et jeune écrivain. Nous entrons dans son quotidien entre écriture, pauvreté, loisirs, femmes et cafés.

Le livre est structuré en vignette : de petites capsules de vie rangées dans un ordre chronologique, suivant l’histoire d’amour entre Hadley Richardson et Ernest Hemingway.

L’histoire d’amour n’est pas, selon moi, le thème principal. Il sert de fil conducteur.

La première partie présente Hemingway à la poursuite de son rêve : pauvre, mais animé par l’écriture. Avec Hadley, il se sent invulnérable. Sa relation, comme celle avec Paris, semble légère, joviale et sincère.

Hemingway travaille dans les hôtels et les cafés Parisiens. Ces derniers existent toujours. Chaque jour se ressemble, mais qu’a-t-il besoin de plus ?

« Quand le printemps venait, même le faux printemps, il ne se posait qu’un seul problème, celui d’être aussi heureux que possible. Rien ne pouvait gâter une journée, sauf les gens, et si vous pouviez vous arranger pour ne pas avoir de rendez-vous, la journée n’avait pas de frontières. » – Hemingway

La seconde partie présente les voyage et les rencontres. On découvre une partie de son entourage : les écrivains présents à Paris, l’effervescence artistique qui l’entourait.

Elle se termine avec la rencontre de Pauline, la meilleure amie d’Hadley.

« Sous le charme de ces riches, j’étais aussi bête et confiant que le chien de chasse prêt à suivre le premier fusil venu ; ou le cochon savant qui dans un cirque a enfin trouvé quelqu’un qui l’aime et l’estime pour ce qu’il est et rien d’autre. » – Hemingway

La fin est plus lourde, plus sérieuse. Hemingway succombe au charme de Pauline, laissant derrière lui Paris, Hadley et les années vingt.

 » L’arrivée du printemps dans les montagnes, l’amour et la confiance que nous éprouvions l’un pour l’autre, ma femme et moi, notre joie à voir que tous les riches étaient partis, ma conviction que nous étions à nouveau invulnérables. Mais invulnérables, nous ne l’étions pas, et ce fut la fin de notre première période parisienne, et Paris ne fut plus jamais le même.C’était pourtant toujours Paris, et s’il changeait, vous changiez en même temps que lui. »

Ernest Hemingway

Les principaux personnages sont :

  • Ernest Hemingway
  • Hadley Richardson
  • Gertrude Stein
  • Francis Scott Fitzgerald
  • Ezra Pound

Trouver le livre (Amazon)

Paris est une fête : Hemingway posthume et différent.

Certains thèmes d’Hemingway sont présents comme l’alcool, la nature ou l’écriture.

En revanche, il arrive comme un hors série.

La force d’Hemingway réside aussi dans ses personnages : Jake Barnes, Nick Adams, Santiago, le jeune Manolin… Il laisse libre court à une interprétation où l’on se projette, s’identifie.

Tandis que pour apprécier pleinement « Hem » (le personnage de Paris est une fête), il faut d’abord aimé Hemingway (l’auteur de Paris est une fête).

Avec plus de temps et d’envie, j’ai la sensation qu’il aurait pu créer des personnages et ne pas se contenter d’une oeuvre autobiographique.

Les aventures de Nick Adams – Un recueil de nouvelles inspirées aussi de sa vie, mais dont les histoires sont largement plus travaillées, du moins transformées.

«La vie, il faut la digérer, puis créer ses personnages.»

Les aventures de Nick Adams – Ernest Hemingway

En ce sens, je ne recommande pas Paris est une fête, s’il s’agit de votre premier Hemingway.

En revanche, si vous ne lisez jamais de fiction. C’était mon cas, l’année dernière.Vous découvrirez non seulement une partie de l’univers d’Hemingway, mais aussi une vie d’artiste avec ses routines et ses inspirations.

Le livre peut se consommer comme une foire aux questions à propos d’Hemingway, voici les thèmes abordés :

  • L’écriture
  • La lecture
  • Les voyages
  • L’addiction et les loisirs
  • Vivre de sa passion
  • Paris des années vingts, touchée par la guerre, mais où il est agréable de vivre.
  • Scott Fitzgerald
  • Hemingway entre auteur et époux

Mon thème préféré : Hemingway, l’écrivain.

Paris est une fête : fenêtre sur le métier d’écrivain

Dès les premières vignettes, puis distillé avec parcimonie au cours du roman, Hemingway révèle son processus créatif.

  • Comment a-t-il l’habitude de travailler ?
  • Quelles sont ses routines ?
  • Comme trouve -t-il ses idées ?

J’ai effectué une seconde lecture pour extraire les passages sur l’écriture.Voici ce que j’ai retenu.

Quelles étaient les habitudes de travail d’Ernest Hemingway ?

Hemingway est discipliné. Il écrit tous les jours.

La prochaine fois qu’il se mettra à travailler, ce sera toujours le « lendemain ».

«  Le lendemain je travaillerais dur. Le travail guérissait presque tout. C’est ce que je croyais alors, et je le crois toujours. »

Ernest Hemingway

« J’étais sûr que j’avais fait du bon travail ; toutefois je n’en aurais la confirmation que le lendemain en revoyant ce que j’ai écrit. »  

Ernest Hemingway

« C’est dans cette chambre que j’ai appris à ne pas penser mon récit entre les moment où je cessais d’écrire et le moment où je me remettais au travail, le lendemain. »  

Ernest Hemingway

Hier, j’écoutais le très bon épisode d’Inspiration Créative avec Bernard Werber. Nous retrouvons aussi, chez lui , cette routine créative : « 4 heures tous les matins, tous les jours, sans exception »

Pourquoi travailler dans une chambre d’hôtel comme Hemingway ?

Hemingway écrit souvent depuis une chambre d’hôtel.

« J’avais même plaisir à grimper jusqu’au dernier étage de l’hotel où je travaillais dans une chambre qui avait vue sur tous les toits et les cheminées. »

Ernest Hemingway

Ce détail m’a frappé puisqu’il me rappelle une de mes vidéos sur la productivité.

En résumé, la vidéo expliquait que pour être productif, un créatif ne peut diviser son emploi du temps en plage d’une heure comme la majorité des salariés. La raison : créer (écrire, composer, coder…) demande de garder en tête une charge mentale importante dans notre mémoire de travail.

Par exemple : pour créer un article, il faut avoir en tête notre plan, nos arguments, nos exemples, pour pouvoir assembler le tout de manière harmonieuse et intéressante.

Une coupure, toute les heures, demanderait de devoir « télécharger » à nouveau tous les éléments pour se remettre à créer. Cela demanderait probablement 15 à 20 minutes de mise en route. Le temps pour créer serait limité. C’est pourquoi, les créateurs ont besoin de plusieurs heures devant eux pour bien avancer dans leurs créations.

De la même manière, un scientifique ou un ingénieur face à un problème complexe doit pouvoir s’imbiber de toutes les variables pour espérer le résoudre. Cela demande du temps et une concentration optimale.

Les avantages d’une chambre d’hôtel : vous êtes isolés. Pas de ménage pour venir vous distraire, pas de coup de téléphone, pas de collègues, vous pouvez même vous enfermer pendant deux jours si vous le souhaitez et avoir un service complet. Votre esprit peut ainsi se concentrer sur une unique tâche.

Attention, Ernest Hemingway travaillait aussi dans des cafés, mais de préférence là où il ne serait pas dérangé.

Les avantages de travailler dans des cafés.

L’écrivain qui aime travailler dans les cafés est un mythe. Du moins, je crois qu’Hemingway n’aimait pas vraiment les cafés.

Souvent, il est dérangé, parfois distrait. Il en parle dans Paris est une fête.

Les cafés lui sont utiles.

Jeune écrivain, Hemingway est pauvre. Il ne peut encore se permettre d’avoir un appartement décent avec bureau.

Par exemple : il se rendait régulièrement à La Closerie des Lilas, calme et bon marché, à l’époque.

Avec seulement un café crème, il peut travailler presque confortablement pendant des heures.

L’inspiration est partout.

Cela va sembler peut-être absurde : quand je faisais un devoir d’invention, j’ai toujours cru qu’il fallait réellement inventer, partir de zéro.

Je me souviens, la professeur nous avait appris la structure d’une histoire : situation d’énonciation, péripéties, dénouement. Cependant, personne ne m’avait dit qu’il fallait s’inspirer de son vécu et copier les oeuvres existantes.

Lire invite à connaitre ses auteurs. La Recherche de Proust est un pèle-mêle de sa vie. Maupassant s’inspire de Flaubert. Hemingway puise chez ses amis.

À mes débuts dans la carrière, au temps de mes années parisiennes, j’inventais non seulement en puisant dans ma propre expérience, mais en puisant dans l’expérience et le vécu de mes amis et de tous les gens que j’avais connu ou croisés dans ma vie jusqu’alors et qui n’étais pas des écrivains. 

Ernest Hemingway

Les auteurs n’inventent pas la matière première de leurs histoires, ils trouvent la matière première et la manufacture.

Ne savais vous pas que les auteurs ne parlent jamais que de leurs ennuis.

Ernest Hemingway (à travers le personnage de la bibliothécaire)

Un auteur est tel un chef cuisinier. Son génie réside dans sa capacité à mélanger plusieurs ingrédients et faire un plat de grande qualité.

Pour l’anecdote : J’ai 6 au bac de français. Mon frère a paraphrasé un texte de rap populaire : il a eu 18. En clair : mieux vaut aménager un bon texte qu’inventer une nullité.

Savoir s’arrêter : dormir aide être inspiré.

Avez-vous déjà entendu parler des micro-siestes de Salvador Dali ?

Lorsque Dali avait bien travaillé, il dormait. Enfin, pas longtemps…

Les siestes ne durait que quelques secondes. La légende dépeint Dali, assis sur sa chaise, un trousseau de clés à la main. À l’instant où il s’endort, le trousseau tombe, il se réveille.

Pourquoi ?

Des études scientifiques ont démontré : (1) dormir permettait d’éliminer les toxines du cerveau et mieux réfléchir, (2) se reposer permettait au cerveau de travailler différemment.

Au repos, le cerveau récupère et est libre de divaguer comme il le souhaite. Serait-ce peut-être la solution pour trouver l’ingrédient idéal et terminer son tableau ou sa nouvelle en cours ?

J’avais déjà appris à ne jamais assécher le puits de mon inspiration, mais à m’arrêter alors qu’il y avait encore quelque chose au fond, pour laisser la source remplir le réservoir pendant la nuit.

Ernest Hemingway

J’ai appris à ne pas penser mon récit entre les moment où je cessais d’écrire et le moment où je me remettais au travail, le lendemain.

Ernest Hemingway

Quoi qu’il en soit, Dali comme Hemingway en avait la ferme intuition.

Les conseils d’écriture sont nombreux dans Paris est une fête. J’ai délibérément décider de m’arrêter ici. Voilà une belle motivation pour le lire ou le relire 😉

Pourquoi lire Ernest Hemingway ?

J’ai choisi d’analyser Paris est une fête pour plusieurs raisons :

  • Premièrement, parce qu’il s’agit du dernier Hemingway que j’ai lu.
  • Deuxièmement, Paris est une fête attire l’attention de part son titre, en France.
  • Troisièmement, les thèmes évoqués correspondent aux thèmes que je souhaite aborder sur ce blog

Cependant, si j’ai apprécié Paris est un fête, je recommande aussi ses autres romans et nouvelles.

J’ai lu 5 livres d’Hemingway. Attention, ce n’est surement pas suffisant pour juger l’étendue de sa carrière. Néanmoins, je vais tenter d’expliquer pourquoi j’aime lire Hemingway et comment j’ai été attiré par l’auteur.

Hemingway, auteur de la génération perdue.

Le terme « génération perdue » a tout de suite raisonné avec moi. J’avais l’impression que notre génération, aussi, avait quelque chose de perdue.

Parfois, elle manque de sens, elle manque d’ambition, d’objectif. Entre « bullshit jobs » et crise environnementale, à quoi bon ?

Je me disais qu’en lisant Hemingway et les autres auteurs de la génération perdue, je trouverais quelques réponses.

Ce terme de génération perdue est critiqué (dans Paris est une fête) par Hemingway. L’expression s’est popularisée pour décrire les auteurs américains après la première guerre mondiale. Certes, parfois, la vie semble insignifiante au travers de leurs récits. Cependant, Hemingway demande : quelle génération ne pourrions nous pas qualifier de perdue ?

La génération perdue décrit une génération d’américains à qui nous avons marteler à l’école des valeurs de grandeurs, de liberté, de travail, d’espoir. Quelques années plus tard, parfois quelques mois, ces mêmes américains se sont retrouvés en Europe, sur les champs de bataille de la première guerre mondiale, mitrailleuse à la main avec comme seuls objectifs : tuer, détruire, célébrer.

Les valeurs sont mortes avec la guerre. Elle laisse avec elle, un sentiment de vide, une génération perdue.

Nous sommes assez loins de mes attentes face à l’expression « génération perdue ». Par ailleurs, je me retrouve bien plus dans L’attrape-coeur de J. D. Salinger. Néanmoins, en ce qui me concerne, cela a suscité suffisamment d’intérêt pour lire Hemingway.

A ce sujet, je vous recommande : Le soleil se lève aussi. Bonus : si vous aimez l’ivresse des soirées parisiennes et la chaleur des fêtes de Pampelune, vous allez adorer.

Lire Hemingway pour sa prose.

Hemingway n’est pas difficile à lire. La prose est simple. Les phrases sont courtes. Les livres sont courts. Les personnages sont dynamiques. Les évènements s’enchaînent facilement.

Si je commençais à écrire avec art ou comme quelqu’un qui annonce ou présente quelque chose, je constatais que je pouvais aussi bien déchirer cette fioriture ou cette arabesque et la jeter au panier et commencer par la première affirmation simple et vraie qui était venue sous ma plume. 

Ernest Hemingway – Paris est une fête.

Cependant, il ne perd jamais en style.

Il choisit chaque mot avec précision. Il ne parlera pas de pistolet s’il s’agit d’un révolver colt 45. Les phrases n’en sont pas plus lourdes ou compliquées, mais l’univers est plus étoffé, l’imaginaire plus efficace.

Lire Hemingway pour ses thèmes récurrents.

L’un de mes livres favoris : Le Vieil Homme et la Mer d’Ernest Hemingway.

Certains apprécieront l’ode à la nature.

Personnellement, j’y trouve une certaine philosophie de vie qui pourrait s’approcher du stoïcisme.

Hemingway semble assagi, ses personnages aussi.

Chez Hemingway, vous trouverez des thèmes récurrents, comme la pêche, la nature, l’alcool, le voyage, l’écriture. Probablement, parce qu’il met une part de lui-même dans chaque histoire.

Si vous aimez une nouvelle d’Hemingway, vous aurez peu de mal à aborder les autres.

Conclusion : résumé de l’article.

Paris est une fête n’est pas seulement une oeuvre sur Paris. Paris est un fête apparait comme un dernier cadeau d’Hemingway à ses fans.

Il peut se lire comme une discussion intime avec l’auteur.

Le style est inattendu, différent de ses habitudes, notamment de part son aspect autobiographique prononcé.

Le thème de l’écriture est omniprésent. Dès le début de l’oeuvre, nous rencontrons le jeune Hemingway, encore inconnu, mais ambitieux et à la poursuite de son rêve.

Il nous livre ses routines : discipline quotidienne, l’importance de l’environnement de travail (chambre d’hôtel), comment trouver l’inspiration (en discutant avec ses amis), savoir s’arrêter pour laisser le cerveau se reposer et voyager.

Je recommande Hemingway, auteur de la génération perdue, pour sa prose simple et précise et ses thèmes récurrents.

Quelques livres à découvrir :

  • Paris est une fête, Ernest Hemingway | Lien
  • Le vieil homme et la mer, Ernest Hemingway | Lien
  • Le soleil se lève aussi, Ernest Hemingway | Lien
  • L’attrape-Coeur, J. D. Salinger | Lien

2 réponses

  1. […] influenceur. Nous ne sommes pas sa cible. Personnellement, je préfère lire un bon roman (Paris est une fête, par exemple) qu’écouter Sundy Jules pendant 20 min. Mais je respecte ses créations et son […]

  2. […] Paris est une fête, Ernest Hemingway | Résumé […]

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