La Naissance de Vénus est un tableau de Sandro Botticelli. Il se trouve à la galerie des offices de Florence en Italie. Il a été peint durant la Renaissance, en 1484. Il est considéré comme l’un des chefs d’œuvre de l’histoire.
Voici une analyse du tableau.
Sommaire :
La Naissance de Vénus : un nu féminin.
Dans une époque où l’art est au service de l’Église, il n’est pas commode de rencontrer une femme nu. Pour être plus précis, la peinture n’en avait plus vu depuis plus de 1000 ans.
Pendant tout ce temps, le nu féminin représentait la luxure, le péché et la honte. Il était immoral.
Le nu était réservé à Eve, pécheresse à la pomme et au serpent. Il était représenté à travers de petits tableaux et s’efforçait de rester discret.
Quand Sandro Botticelli trouve l’audace en 1484 de sortir La Naissance de Vénus, il ne s’agit pas d’une toile supplémentaire venant confirmer son talent. Il s’agit d’un tableau païen représentant un nu féminin, frontal et direct, grandeur nature ou presque, 1m72 sur 2m78 de long.
Ce tableau marque une rupture dans l’histoire et donne une nouvelle dimension à l’art. L’art n’est plus seulement un moyen de communication à la merci d’une idéologie, il devient également un objet de désir. Et la Vénus de Botticelli en est le symbole.
La Naissance de Vénus : un produit de la Renaissance.
S’il fallait vivre dans une époque différente de la notre, il ne serait pas étonnant que certains d’entre vous choisissent la Renaissance.
Copernic, Galilée, Magellan, De Vinci, Michel-Ange ou encore Botticelli, tous ont marqué notre histoire de leur empreinte et tous ont pour point commun : être une figure de cette époque.
Et ce n’est pas un hasard.
La Renaissance se caractérise par une révolution culturelle, intellectuelle et artistique sans précédent. Elle s’inspire et redécouvre les textes de l’antiquité.
Avec Gutenberg et l’introduction de l’imprimerie en Europe, le savoir se diffuse plus largement et plus rapidement.
L’essor de l’humanisme replace l’homme et l’individu au centre des discussions — en contraste avec le contrôle et l’autorité de l’Eglise du Moyen-Âge. Ces nouvelles idées vont influencer l’art et créer un contexte propice pour les artistes.
Ces derniers sont enfin reconnus pour leur talent, ce qui n’était pas vraiment le cas auparavant. Et de riches mécènes comme les Médicis à Florence financent leurs travaux.
L’église, pour une fois depuis des siècles, n’est plus la seule à commander des tableaux.
De plus, l’art Gothique, qui précède la Renaissance, est littéralement plat. Sans perspectives, sans émotions. Il est impossible de s’identifier à quelconque personnage.
La Renaissance est donc non seulement un renouveau, mais aussi une libération. Les perspectives sont nettes. Les personnages sont réels. On distingue leur expression. Marie n’est pas uniquement une sainte. C’est aussi une mère. Une mère dans laquelle on peut s’y identifier.
La Naissance de Venus de Botticelli est un produit de la Renaissance. Sans la redécouverte du monde greco-romain, sans le financement des Médicis, sans la libération des idées et l’essor de l’humanisme, La Naissance de Vénus n’aurait jamais vu le jour.
La Naissance de Vénus : le mythe.
D’après Hésiode, un poète grec, Cronos, fils de Gaia et d’Ouranos (deesse de la terre et dieu du ciel), aurait émasculé son père et jeté son sexe à la mer. De cet acte, la semence d’Ouranos aurait fécondé la mer et ainsi donné naissance à Vénus, déesse de la beauté et de l’amour.
On retrouve par ailleurs une subtile référence phallique du sexe d’Ouranos au sein du tableau. Une blague plus ou moins intellectuelle pour l’élite cultivée de la Renaissance.
La Naissance de Vénus : analyse des détails.
Vénus
Venus est debout, nue, sur une conque de couleur nacrée. Son corps est dessiné par des lignes sinueuses. Sa tête est inclinée.
Son visage laisse apparaitre une douceur et une mélancolie. Comme perdue dans un passé idéalisé que l’on cherche à retrouver.
Pudique, ses mains et ses cheveux dissimulent maladroitement ses parties intimes.
Sa pose, communément appelée Vénus Pudica, transcende les générations.
Sa posture est en « contrapposto ». Ses hanches sont dans une direction contraire à ses épaules.
Cette posture fait ressortir la silhouette élancée et gracieuse de la déesse. Elle apporte également une sensation de mouvement, une caractéristique recherchée dans l’art de la Renaissance.
Cette pose imite celles des statues grecques antiques, dont les Médicis possédaient de nombreux exemplaires.
La carnation de la déesse est claire et rappelle sa pureté.
Enfin, elle est au centre du tableau et attire toute l’attention. Le peintre souhaite souligner l’importance de sa beauté.
Le coquillage
Le coquillage sur lequel repose Venus est un symbole sexuel. De par leur ressemblance avec l’organe génital féminin, les coquillages sont associés à la fécondité et au plaisir des sens.
Autour de Venus, la végétation est fleurissante, signe également de fertilité.
Zéphyr
À gauche se trouve Zéphyr, Dieu du vent, joufflu, enlacé par Chloris sa compagne.
Chloris, aussi appelée Flore par les romains, est la nymphe des fleurs. Sa capacité à ranimer la végétation se manifeste par la pluie de roses qui les entoure.
Le souffle divin de ce duo pousse la chaste Venus sur le rivage. De plus, il crée un mouvement esthétique. La mer s’anime. Les cheveux volent au vent. La cape se gonfle. Il est l’expression de la vie et apporte au tableau un dynamisme visuellement agréable.
Le printemps
Sur la droite se tient une des Heures.
Dans la mythologie grecque, les Heures sont un groupe de déesses représentant la division du temps. À l’origine, elles étaient au nombre de trois et symbolisaient : le Printemps, l’Été et l’Hiver.
Ici, il s’agit probablement du printemps, saison de l’amour. Saison durant laquelle Venus faisait revenir la beauté après la rigueur de l’hiver. Saison qui rappelle également un autre tableau de Botticelli.
Certains pensent qu’ils auraient été commandées ensemble et qu’ils ne peuvent se lire l’un sans l’autre.
Arrivée sur le rivage, Vénus est recouverte d’un manteau rouge.
Elle quitte ainsi la nature sauvage — représentée par la nudité — pour entrer dans le monde civilisé. Symbolisé par le voile, produit du travail humain.
La Naissance de Vénus se présente donc comme le symbole de la transmission de la beauté de l’ordre du divin au monde des mortels.
La Naissance de Vénus : analyse stylistique.
Il est aussi important de noter que Venus de Botticelli est idéalisée. Elle est irréelle.
D’abord, Venus n’est pas stable. Dans la réalité, le coquillage se renverserait.
Sa peau est particulièrement claire. Botticelli est obligé de la démarquer du reste du tableau par un léger contour noir.
Son cou est trop grand, ses épaules tombent et son bras droit est trop long.
Enfin, la perspective est sommaire. Tous les personnages sont sur le même plan telle une tapisserie. Ils semblent en apesanteur et ne créent aucune ombre.
Tout cela n’est pas une erreur de Botticelli. Quand Botticelli peint ce tableau, ce n’est plus un novice. Au contraire, il est au sommet de son art.
S’il avait souhaité créer un tableau réaliste, il l’aurait fait.
Or, toutes ses scènes mythologiques présentent volontairement le même style. Il s’agit donc d’une volonté du peintre de nous rappeler que ces peintures sont le fruit de notre imagination.
Venus est irréelle et sa beauté presque surnaturelle.
La Naissance de Vénus : un cadeau de mariage ?
Cependant, le tableau pourrait également représenter une toute autre réalité.
En effet, il est possible que le tableau fut un cadeau de mariage.
À cette époque, le mariage était avant tout un instrument d’alliances politiques. Il ne peut avoir lieu avant l’âge de 12 ans pour les femmes, et 14 pour les hommes. Le rôle de la Femme étant en partie, à cette période, d’offrir des descendants.
Ainsi, Il est possible de remettre en question la notion de plaisir et d’envie entre les nouveaux mariés.
La Naissance de Venus, idéal de beauté, pourrait donc servir à exciter les sens et inviter à la procréation.
Cela expliquerait le caractère volontairement érotique de ce tableau.
La Naissance de Vénus : qui est-elle ?
La Vénus de Botticelli serait Simonetta Vespucci, appelée « la bella Simonetta » et réputée comme la plus belle femme de son époque.
Après son mariage avec Marco Vespucci (cousin du navigateur Amerigo Vespucci), elle vivra avec son mari à Florence. Elle était populaire à la cour de Laurent le Magnifique, notamment pour sa beauté.
À son arrivée, elle est remarquée par plusieurs peintres dont Sandro Botticelli. Elle aurait ainsi servi de modèle pour La Naissance de Vénus (et d’autres tableaux).
La Naissance de Vénus : héritage et influence.
Entre 1494 et 1498, après avoir chassé les Médicis de Florence, le moine Savonarole instaura une théocratie très sévère.
Durant cette période, l’oeuvre de Botticelli est influencé par les événements politiques et religieux.
Le 7 février 1497, Savonarole organise un Bûcher des Vanités. Ses disciples rassemblent robes, miroirs, cosmétiques, bijoux, instruments de musique, livres et peintures pour les brûler.
Botticelli, lui-même, aurait apportées plusieurs de ses nus d’inspiration mythologique… Une chance que le Printemps et la Naissance de Venus furent retrouvés ensemble au Castello ! Il s’agit d’une villa dans les environs de Florence appartenant aux Médicis.
Même si Botticelli, à la fin de sa carrière, sombrera dans l’oubli au profit de Michel-Ange ou Leonard de Vinci, son influence restera capitale.
Les nus féminins de toutes tailles continueront de fleurir. Et sa représentation de la naissance de Vénus est encore aujourd’hui une source d’inspiration pour de nombreux artistes.
La Naissance de Vénus : un idéal de beauté.
La Naissance de Venus, c’est la volonté évidente de peindre le beau.
À travers ce tableau, il est difficile de ne pas y voir un certain idéal de beauté.
Botticelli montre et cache ce qu’il souhaite afin de susciter le désir.
Bien que le tableau soit imprégné d’un certain érotisme venant stimuler les sens, on ne peut le réduire uniquement à cela. Le tableau est aussi spirituel; à l’image de son sujet qui semble concentré sur ses pensées et tourné vers un âge d’or révolu. Une période qui fascinait les néoplatoniciens de l’époque.
Cette œuvre typique de la Renaissance Florentine, incarne l’éloge des sens, l’idéalisation et la sensualité, l’amour charnel et l’amour spirituel.
Merci d’avoir lu cet article. N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous avez des questions et/ou à aller lire mes autres articles sur l’art. À bientôt ! 🙌
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